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Misesenscene

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Mise à jour, 20 novembre 2020

 

Cette rubrique signale :

 

I ) Les mises en scène passées et présentes. 

 

II ) Les entretiens, critiques sur les spectacles, photographies,

 

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Rubriques

 

           FrontPage

 

Mise jour, le 20 mars  2016

 

Splendid’s : Nauzyciel magnifie l’univers de Genet

 

Théâtre de La Colline, Paris (XXè) jusqu’au 26 mars 2016

 

 

 L'Express le 18 mars 2016 12H27 | par Laurence Liban

 

 

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L’action se situe à l’angle d’un immense couloir d’hôtel sur lequel ouvrent des chambres. Si le spectateur voit ce qu’il se passe de part et d’autre de cet angle, les protagonistes, eux, ne le peuvent pas. C’est à la pliure de ce couloir qu’Arthur Nauzyciel met en scène la pièce de Jean Genet, « Splendid’s ». Une rareté sur nos scènes.

L’histoire se situe aux Etats-Unis. Une bande de gangsters, bientôt rejointe par un flic chargé de la combattre, investit l’établissement, tue et s’y retranche jusqu’à la mort. Ce pitch à l’emporte-pièce cache bien plus que cela, on s’en doute. Mais si la pièce a rarement été portée au théâtre (en 1995 par Stanislas Nordey), c’est qu’on ne savait trop qu’en faire. (Photo Frédéric Nauzyciel)

Arthur Nauzyciel, lui, part de la biographie de Genet. A l’époque de l’écriture, celui-ci est justement à la pliure de son destin: Avant, le mauvais garçon qui fait de la prison. Après l’homme de lettres. Au milieu, l’écriture de » Splendid’s », à la fin des années 1940. « Splendid’s » est né dans l’univers carcéral et de cet univers. Avec son tact habituel, Nauzyciel nous donne une clé de lecture. Cette clé, c’est « Un Chant d’amour », court-métrage réalisé en 1950 par Genet où le désir et la solitude de la prison sont mis en scène sans mots, mais avec une charge érotique à haute densité. On aura tout le temps, ensuite, de trouver la serrure correspondante et de pénétrer, un peu moins aveugle, dans la chambre du sens.

Car l’écriture de Genet ne se donne pas facilement. Si le metteur en scène l’éclaire, il nous laisse pourtant faire le plus gros du travail d’élucidation. Donc huit beaux gars armés de kalachnikov (hormis Xavier Gallais qui interprète le flic, tous les acteurs sont américains et viennent de « Julius Caesar », l’oeuvre de Shakespeare que Nauzyciel avait magnifiquement montée, il y a quelques années.) Majoritairement dite en langue anglaise, la pièce acquiert de ce fait une dimension plus vaste. Sa vraie dimension, sans doute. Qui sont ces gangsters ? Que veulent-ils ?

Vu à Orléans l’an passé, juste après les attentats de Charlie Hebdo, le spectacle m’était demeuré quelque peu hermétique. Mais sa beauté formelle, l’audace et la force énigmatique du décor, couloir aux portes fermées, espace mental et antichambre métaphorique de la mort certaine, la puissance poétique de ce qui se jouait devant moi, et que je ressentais, comme tout le monde, m’avaient pourtant laissée au bord de quelque chose. Ce quelque chose, je l’ai trouvé hier, dans le passionnant papier de Fabienne Darge (Le Monde du 18 mars). Un papier où le metteur en scène s’exprime avec sa finesse et sa lucidité coutumière.

J’irai revoir ce splendide Splendid’s. Avec l’espoir qu’Arthur Nauzyciel, dont le parcours d’une intégrité absolue est tissé de grandes heures, soit d’ici là nommé à la tête du Théâtre national de la Colline. Son patron, Stéphane Braunschweig, ayant pris la direction de L’Odéon à la mort de Luc Bondy, le théâtre de La Colline a besoin d’une personnalité comme lui, ouvert à toutes les esthétiques, mais également persuadé que les grands textes font les grands acteurs. Théâtre de La Colline, Paris (XXè) jusqu’au 26 mars puis en tournée à Lausanne du 19 au 21 avril, et Lorient les 27 et 28 avril.

 

 

Mise à jour, le 13 octobre 2014

 

Quelques liens sur la mise en scène des Nègres par Bob Wilson, signalé le 7 octobre, dont l'analyse précise de J.P Thibaudat dans Rue89 :

 

http://blogs.rue89.nouvelobs.com/balagan/2014/10/09/fete-des-sens-bob-wilson-eclaire-les-negres-233604

 

http://www.festival-automne.com/uploads/spectacle/Wilson.pdf

 

http://www.lesoir-echos.com/henri-thomas-et-william-cliff-au-service-de-shakespeare/culture/69576/

http://www.franceinter.fr/evenement-les-negres-par-robert-wilson

 

Mise à jour, le 6 octobre 2014

 

Les Nègres sont montés au Théâtre de l'Odéon par Bob Wilson :

 

http://www.theatre-odeon.eu/fr/2014-2015/spectacles/les-negres

 

Demain mardi 7 octobre, Michel Corvin fera une conférence sur la pièce qu'il a éditée dans la collection Poche Théâtre, Gallimard,( voir site ci-dessus du théâtre de l'Odén )

 

 

Mise à jour, 6 janvier 2014

 

 Mise à jour, le 6 janvier 2014

 

 

Dans le cadre d'un série d'événements intitulée Regards sur le Liban ( 9,14,17 janvier 2014 ) au Théâtre Paul Eluard de Choisy-Le-Roy

 

http://theatrecinemachoisy.fr/

 

Signalons le mardi 14 janvier à 19 heures la rencontre avec l'équipe artistique de la mise en scène du texte de Genet intitulé

Quatre heures à Chatila, publié en 1982 dans Revue d'études palestiniennes qui aura lieu le  17 janvier à 20 heures.  

 

En français surtitré en arabe, mise en scène  de Stéphane Olivié Bisson

 

Interprétation Carole Abboud

 

 

 

 

Mise à jour, 20 janvier  2012 

 

Signalons les derniers jours de deux mises en scène au théâtre l'Athénée : Les Bonnes et une chorégraphie sur le personnage de Divine de Notre-Dame- des-Fleurs.

  

http://www.athenee-theatre.com/index.cfm

 

Mise à jour, le  4 octobre  2011

 

Sur Splendid's à l'Athénée, un article de Christophe Bident à lire :

 

http://www.magazine-litteraire.com/content/agenda-theatre/article?id=19932 

 

Notre note après avoir vu la pièce vendredi 30 septembre 2011 :

 

Note du 4 octobre  2011 sur une mise en scène de Splendid’s au théâtre de l’Athénée :

 

Cette pièce écrite en 1948, Genet a toujours refusé de la publier, Michel Corvin dans son édition Folio Théâtre la qualifie de « pièce à tiroirs », il en signale les faiblesses aussi faut-il saluer Cristèle Alves-Meira qui a le mérite de tenter une lecture contemporaine de ce drame encore peu mis en scène (pensons cependant  à Stanislas Nordey, 1995 et  Laurent Gutmann, 2004 ). Ce spectacle est d’aujourd’hui dans la mesure où une greffe est ici tentée avec le monde arabe, absent du texte de la pièce. On peut être surpris de cette greffe, mais on peut aussi penser aux Paravents quant à l’évocation du monde arabe chez Genet. Dans Splendid’s, des répliques sont ainsi proférées en arabe ( le texte étant alors «  traduit », en français, sur un écran) par des personnages en armes qui semblent parfois s’adresser aussi aux spectateurs qui se retrouvent comme des otages. Des personnages, souvent exaltés et fourbes, viennent des balcons, des couloirs, des baignoires dorées. De nombreuses répliques sont dites en ces lieux de l’espace conventionnel du théâtre qui, dès lors, changent de statut. Une petite réserve sur le fait qu’un des acteurs est sans doute un peu trop longtemps nu, le corps soumis à une sorte de convulsion qui n’est pas vraiment dans l’esprit de l’oeuvre de Genet, d’autant plus que le mise à nu ne figure pas dans le texte et risque d’être pris pour  un effet de mode. Cette petite réserve faite, la mise en scène impose un rythme qui efface l’effet de « pièce à tiroirs » signalé par Corvin et montre bien la jouissance du pouvoir, ses accessoires, sa rhétorique, son ivresse verbale.  

Que voyons-nous sur la scène carrée, fortement éclairée, placée, au milieu de la salle ? Avant même le début, un homme armé d’une mitraillette, les armes, au-delà de leur fonction d’outils meurtriers sont avant tout des symboles phalliques à exhiber, quitte à en mourir d’imprudence, comme on le constate, chaque jour, dans les reportages sur la Lybie et d’autres pays en quête démocratique. La saison est aux révoltes arabes et cette mise scène l’évoque par cette fascination des armes, sa sexualisation, mais aussi - ce qui est plus inquiétant pour tous - par les thèmes de Genet qui sont déjà à l’œuvre sur la scène du monde : la trahison, la lutte des places qui s’est substituée à la lutte des classes, le désir des images du pouvoir. Cristèle Alves - Meira et son équipe redonnent vie à cette pièce et ouvre la scène à celle de l’histoire la plus contemporaine.

Encore quelques jours pour voir ce spectacle original…

 

Patrice Bougon, 4 octobre 2011

 

Mise à jour, le 15 septembre 2011

 

Signalons, très prochainement, au Théâtre de l'Athénée, du 20 septembre au 8 octobre 2011.

 

http://www.athenee-theatre.com/

 

 

Splendid's de Jean Genet

 

Mise en scène Cristèle Alves-Meira,

 

 

avec : Cédric Appietto, Saïd Bey, Nebil Daghsen, Hammou Graïa, Tewfik Jallab, Jean-Emmanuel Pagni, Lahcen Razzougui, Pascal Tagnati, Hala Omran

collaboration artistique et dramaturgie :
Valérie Maureau assistante à la mise en scène : Orianne Leclerc scénographie : Yvan Robin lumières : Jérémie Gaston-Raoul costumes : Benjamin Brett , Clotilde Lerendu univers sonore : Nicolas Baby traduction : Zohra Makach

 

 

http://www.athenee-theatre.com/

 

Certaines scènes peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.
spectacle en français et en arabe surtitré

"Il faut que nos crimes fleurissent."

Ne serait-on pas déjà en prison ? Dans le huis clos d’un palace, des gangsters assiégés s’affrontent en attendant l’assaut après un casse qui a mal tourné. Combats perdus d’avance, luttes...

Certaines scènes peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.
spectacle en français et en arabe surtitré

"Il faut que nos crimes fleurissent."

Ne serait-on pas déjà en prison ? Dans le huis clos d’un palace, des gangsters assiégés s’affrontent en attendant l’assaut après un casse qui a mal tourné. Combats perdus d’avance, luttes fratricides, frêles allégeances, héroïsmes fugaces et pompe, forcément, funèbre… C’est le monde de la pègre que figure ici Jean Genet, mais on pourrait aussi bien être dans un conseil de guerre, une cellule terroriste, ou pourquoi pas, dans un conseil des ministres en pleine crise… En 1948, Jean Genet signe avec ce thriller un adieu amusé et presque parodique à la littérature de la délinquance qui l’a fait connaître. Tout d’abord intitulée
Frolic’s, la pièce ne sera jamais jouée du vivant de son auteur qui préfèrera l’abandonner… Mais les enfants abandonnés sont parfois les plus combatifs.

 

Après avoir présenté Les Nègres à l’Athénée en 2007, Cristèle Alves Meira retrouve ici Jean Genet, mettant en scène ce qu’elle décrit comme une “lente valse macabre, un rituel de l’adieu”. “En mémoire de l’attachement qu’avait Jean Genet pour le Maroc”, elle a voulu inscrire la pièce dans l’actualité du monde arabe. “Si le policier parlait arabe et les bandits français, qu’est-ce que ça voudrait dire ? Des Blancs qui prennent en otage un policier arabe ? Un Arabe qui tue une Américaine ?”, interroge-t-elle.  

 

A la bibliothèque Drouot

« Jean Genet et le Maroc »

rencontre avec Cristèle Alves-Meira, animée par Hubert Prolongeau, écrivain et journaliste

 

samedi 24 septembre à 17h | à la bibliothèque Drouot I 11 rue Drouot 75009 Paris

entrée libre | réservation 01 42 46 97 78

 

 

 

 

 

Mise à jour, le 21 juin 2011

 

 

Du 22 juin au 27 août 2011 , au Théâtre du Lucernaire ,du mardi au samedi, 19 heures,  Les Bonnes de Jean Genet.

  

Mise en scène par  Serge Gaborien et Armel Veilhan. Pour plus d'informations :

  

  

http://www.lucernaire.fr/beta1/index.php?option=com_content&task=blogsection&id=4&Itemid=44

 

 

 

Mise à jour, le 15 juin 2011

  

Le site de la compagnie de Pierangelo Summa comporte des articles sur le spectacle :

 

http://racinededeux.over-blog.com/

 

Mise à jour, le 15 juin 2011

  

Le site de la compagnie de Pierangelo Summa comporte des articles sur le spectacle :

 

http://racinededeux.over-blog.com/

 

 

Concernant la mise en scène des Bonnes par Pierangelo Summa jusqu'au 11 juin, signalons l'article intéressant de Giovanni Merloni sur son blog :

  

http://www.giovannimerloni.net/categorie-11527034.html

 

On peut aussi voir une présentation (trailer) de la pièce sur youtube : 

 

http://www.youtube.com/watch?v=kymD9EXCFyI&feature=related

 

Mise à jour, 28 mai 2011

 

J’ai eu le plaisir de voir une représentation des Bonnes mise en scène par Pierangelo Summa  au Théâtre des déchargeurs ( voir informations pratiques données ci-dessous à la date du 24 mai )

 

Cette pièce a souvent été représentée, aussi faut-il  saluer l’originalité de cette mise en scène et le jeu des deux actrices Mathilde Chouffot et Sara Summa qui savent faire entendre la richesse de la langue de Genet, ses variations de ton, son ironie, la force ambivalence des rapports de pouvoir.

 

L’une des singularités du travail de Pierangelo Summa est d’avoir représenté Madame par un marionnette à taille humaine qui est manipulée alternativement par les deux actrices prêtant leur voix à cette figure, ces deux bonnes étant, à ces moments de ventriloquie, transformées par ce rapprochement, à tous les sens du terme.

 

Je reviendrais plus précisément sur cette mise en scène, l’urgence étant aujourd’hui de vous inciter à voir ce spectacle qui se termine le 11 juin 2011.

 

 

 

Mise à jour, 28 mai 2011

 

J’ai eu le plaisir de voir une représentation des Bonnes mise en scène par Pierangelo Summa  au Théâtre des déchargeurs ( voir informations pratiques données ci-dessous à la date du 24 mai )

 

Cette pièce a souvent été représentée, aussi faut-il  saluer l’originalité de cette mise en scène et le jeu des deux actrices Mathilde Chouffot et Sara Summa qui savent faire entendre la richesse de la langue de Genet, ses variations de ton, son ironie, la force ambivalence des rapports de pouvoir.

 

L’une des singularités du travail de Pierangelo Summa est d’avoir représenté Madame par un marionnette à taille humaine qui est manipulée alternativement par les deux actrices prêtant leur voix à cette figure, ces deux bonnes étant, à ces moments de ventriloquie, transformées par ce rapprochement, à tous les sens du terme.

 

Je reviendrais plus précisément sur cette mise en scène, l’urgence étant aujourd’hui de vous inciter à voir ce spectacle qui se termine le 11 juin 2011.

 

 

 

Mise à jour, 24 mai 2011

 

  

Les Bonnes au Théâtre Les Déchargeurs

  

Du 25 mai au 11 juin 2011  

  

Mise en scène de Pierangelo Summa

 

 3, rue des Déchargeurs - 75001 Paris Réservations au 0892 70 12 28 (0,34 €/mn) www.lesdechargeurs.fr 

http://www.lesdechargeurs.fr/node/537

 

Ce théâtre fait un geste pour les lecteurs de SALG ! Merci

 

Sur réservation auprès du théâtre au 0892 70 12 28 (0,34 €/mn) et en donnant le code de réservation "SALG", vous pourrez bénéficier du tarif privilège à 14 € (au lieu de 22 € au tarif plein), pour assister à l'une des représentations de la pièce Les Bonnes,dans la limite des quotas disponibles."

 

Mise à jour, le 28 mars 2011

 

Notre-Dame des fleurs

 

du 7  au 9 avril 2011


au Théâtre du Gymnase


jeudi, vendredi, samedi à 20h30

 

Les années 40 du siècle dernier à Paris, Pigalle et Montmartre, là où le péché est un sacerdoce joyeux, où les hommes sont purs et souillés, maudits et sains, là où justement un travesti porte le nom de Divine, un autre celui de Première Communion, un jeune voyou celui de Notre-Dame-des-fleurs, et les voilà tous à courir après la vie dans le vertige et la stupeur du culte phallique. Avec un premier roman écrit en prison, Jean Genet a bouleversé la littérature française parce que son écriture est fulgurante, incandescente, visionnaire. En somme ce fut une explosion. Et sur scène, de ce texte jaillit une féerie de mots magiques et de postures hilarantes qui hausse comme rarement le théâtre à sa vraie hauteur.

Antoine Bourseiller a été l’un des plus grands animateurs de théâtres français. Au Gymnase, il a fait découvrir aux Marseillais des auteurs, des metteurs en scène, des artistes majeurs. Pour ma génération, il a été un modèle et une référence. Il était donc naturel de l’inviter aujourd’hui à nous faire découvrir un texte de cet auteur majeur. C’est à la fois un honneur, une joie et un juste retour des choses.
Dominique Bluzet

 

Distribution

Adaptation théâtrale de Antoine Bourseiller du roman de Jean Genet publié aux Editions Gallimard
Mise en scène Antoine Bourseiller

Avec Baptiste Amann, Benjamin Tholozan, Guillaume Fafiotte, Yoann Parize, Marcel Mankita, Ivan Cori, Julien Urrutia , Jacqueline Scalabrini, Antoine Bourseiller

Lumière Alexandre Toscani
Costumes Nathalie Bérard-Benoin
Assistant à la mise en scène Jean-Christophe Mast
Musiques Coro Monte Cusna, directeur Alessandro Marzani, Out of nowhere (Johnny Green, Edward Heyman) interprété par Philippe Geiss, Railo Helmstetter, Quentin Geiss Harlem, Nocturne (Earle Hagen, Dick Rodgers) interprété par Philippe Geiss
Chant, guitare Marcel Mankita

Production Théâtre National de Nice - CDN Nice Côte d’Azur, Théâtre du Gymnase - Marseille
Avec le soutien de la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent

 

Antoine Bourseiller met en scène au Théâtre national de Nice, puis au Théâtre du Gymnase de  Marseille,  une adaptation de Notre Dame des fleurs

 

http://www.lestheatres.net/

 

notre-dame-des-fleurs-dossier TNN 231110.pdf

 

Mise à jour, le 20 janvier 2011

 

Signalons par avance ce spectacle :

 

Le funambule(s) qui a lieu  du 28 février au 10 mars 2011

 

1 texte pour deux mises en scène par Cédric Gourmelon et Julien Fiséra au Théâtre Paris-Vilette 

 

http://www.theatre-paris-villette.com/spectacles_saison_2011/le_funambule_s_au_paris-villette.php
 
Nous rendrons compte de ce spectacle. 

 

 

 

Mise à jour, le 15 décembre 2010

 

Saluons le travail effectué à Moscou par Marina Arias, chargée de recherches de l'Institut de littérature mondiale Gorki de l'Académie des sciences de la Russie,,traductrice de << ELLE >> nous signale:

 

 << Le 16 décembre 2010 à 19.00 à la Maison des Acteurs Vieil Arbat, 35, se tiendra la soirée en hommage de Jean Genet. Entrée libre.

Dans le programme:

 

Intervention de Dominique Jambon sur le centenaire de Jean Genet

 

Interview de J Genet à la BBC (vidéo)

 

 « Elle » (mise en scène de Dmitri Tomachpolski)

 

Discussion et cocktail.

16 декабря 2010 г. в Центральном Доме Актера им. А.А. Яблочкиной в 19.00 состоится Вечер к 100-летию Жана Жене "Неизвестный Жан Жене". Вход свободный.

В программе Вечера "Неизвестный Жан Жене":

1. Вступительное слово к 100-летию Жана Жене директора Французского культурного центра Доминика Жамбона .
2. Интервью Ж.Жене тележурналистам канала BBC (1985) (видеозапись)
3. Пьеса "Она" (постановка Дмитрия Томашпольского)
4. Дискуссия (ведет Евгений Панасенко)
5. Фуршет

Желающие принять участие в дискуссии по творчеству Жана Жене могут записаться перед началом Вечера у Евгения Панасенко.

 

Marina Arias nous signale que la première mise en scène des Bonnes en URSS date de 1987 et le fut par l'Atelier d'Anatoly Efross, Moscou, Théâtre de Taganka.  


Mise à jour, le 25 novembre 2010

 

Du 24 au 27 novembre 2010,  au théâtre national de Nice, Antoine Bourseiller présente une adaptation théâtrale de Notre-Dame-des-Fleurs, et bientôt à Marseille.

 

MIse à jour, le 23 novembre 2010

 

Une lecture de <<ELLE >>  par Oliver PY , le 25 novembre au théâtre de l'Odéon  dans le cadre de la semaine GENET.

 

Mise à jour, le 17 novembre 2010

 

 Le Théâtre du tiroir, dirigé par Jean-Luc Bansard met en scène Quatre heures à Chatila, de Genet

le 18 novembre  2010, suivi d'un dialogue avec le public

 

http://www.theatre-du-tiroir.com/

 

 http://www.theatre-du-tiroir.com/compagnie-theatre/spectacle-creation.php?page=quifaitquoi&num=7

 

 

Distribution: 

 

un violoniste palestinien d'Israél (SAFWAN KENANI), un comédien palestinien d'Israél (MUHAMAD HIRZALLA), un comédien du PNT de Jérusualem (MAJID MANI), et deux comédiens français PASCAL LARUE, ( Théâtre de l'Enfumeraie) et Jean Luc Bansard (théâtre du tiroir)

 

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Mise à jour le 16 novembre  2010

 

Du 23 au 27 novembre 2010, plusieurs lectures de pièces de Genet dans le cadre du centenaire  

 

http://www.theatre-odeon.fr/fr/la_saison/present_compose_2010_11/centenaire_de_la_naissance_de_jean_genet-p-1976.htm

 

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Mise à jour,  le  8 novembre 2010

 

Jeudi 27 janvier 2011, 20h30 au théâtre Rutebeuf de Clichy : Haute Surveillance mise en scène par Layla Metssitane . Tarifs : 18 – 13 – 10 €
 

Vendredi 4 mars 2011, 20h30 au théâtre Rutebeuf de Clichy : Les Bonnes mise en scène par Véronique Costa de la Cie des Lumières. Tarifs : 18 – 13 – 10 € 

 

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Mise à jour, le  5 mars  2009 

 Le théâtre Le Plessis, près de Tours, monte Le Funambule – mardi 10 mars 2009 à 19h et mercredi 11 mars à 21h.

Situé à la La Riche, près de Tours, le Plessis-théâtre programme une semaine de spectacles sur le thème des Confessions. Parmi ces spectacles, la Compagnie de l’Âne Bleu proposera Le Funambule, les 10 et 11 mars.

Présentation de la Compagnie José Manuel Cano Lopez :

Pensez à réserver vos places !

tél : 02 47 38 29 29  

mail : info@ciecanolopez.fr

site : www.leplessis.net

 

 

Les Bonnes 

Lieu : Théâtre national de Strasbourg - Strasbourg

du 08/10/2008 au 25/10/2008

En 1933, deux bonnes exemplaires assassinent soudainement leurs patronnes, mère et fille. Au procès, la cadette des soeurs Papin déclare simplement : "on ne se parlait pas..."

 

 

Le Funambule

Lieu : Maison de la poésie - Paris

du 17/01/2008 au 13/04/2008

"Avec Abdallah, sur le fil, j'avais réussi une espèce de chef-d'oeuvre" - Jean Genet. Celui-ci lui a dédié 'Le Funambule', long poème d'amour, mais aussi son Art Poétique : variations sur une dramaturgie du Cirque, du Théâtre et de la Danse, [...]

 

 

 

Les Bonnes

Lieu : L'Aktéon - Paris

du 05/03/2008 au 12/04/2008

"Deux bonnes aiment et haïssent à la fois leur patronne. Elles ont dénoncé l'amant de celle-ci par des lettres anonymes. Apprenant qu'on va le relâcher faute de preuves et que leur trahison sera découverte, elles tentent une fois de plus [...]

 

 

Les Bonnes

Lieu : Théâtre Pixel - Paris

du 12/10/2007 au 09/11/2007

Deux jeunes filles jouent ! Ce sont deux bonnes. Elles jouent à tuer Madame dans sa chambre. L'arrivée de Madame interrompt la cérémonie. Celle-ci repart aussi vite retrouver Monsieur, libéré de prison, laissant seules les deux jeunes filles [...]

 

 

Les Nègres

 

Lieu : Athénée théâtre Louis-Jouvet - Paris

du 27/09/2007 au 20/10/2007

Quand la Cour accuse les Nègres d'un crime, ces derniers deviennent comédiens et offrent pour leur jugement une belle tragédie grotesque. Les Nègres comédiens, possédés par une fureur carnavalesque, se réunissent cérémonieusement dans un [...]

 

 

 Les Paravents

Lieu : Avignon

du 06/07/2007 au 27/07/2007

 

C'est Frédéric Fisbach qui sera l'artiste associé à ce soixante et unième Festival d'Avignon. Depuis sa création par Jean Vilar en 1946, ce festival est un rendez-vous incontournable de la scène théâtrale et permet à bon nombre de compagnies [...]

Lieu : Opéra-Théâtre d'Avignon - Avignon

du 06/07/2007 au 13/07/2007

'Les Paravents' est un immense poème dramatique inscrit dans le temps de la guerre d'Algérie et qui marque le début de l'engagement politique de l'auteur, renversant les valeurs pour glorifier la subversion, annulant toute vision idéale [...

 

Un Captif amoureux

 Lieu : Théâtre national de Marseille, la Criée - Marseille

du 13/10/2006 au 22/10/2006

Jean Genet, écrivain et dramaturge, passe les vingt dernières années de sa vie à soutenir les combats de minorités, en particulier à l'occasion de plusieurs séjours dans les camps palestiniens de 1970 à 1984. Au seuil de la mort, il revient [...]

 

 Exposition Jean Genet

Lieu : Musée des Beaux-Arts de Tours - Tours

du 08/04/2006 au 03/07/2006

L'exposition Jean Genet est organisée à l'occasion du vingtième anniversaire de la mort de l'écrivain, en collaboration avec l'IMEC (Institut mémoires de l'édition contemporaine). Jean Genet est un des plus grands écrivains du XXe siècle. [...]

 

 Les Bonnes

Lieu : Espace Marais - Paris

du 30/09/2005 au 16/06/2006

Rêveries de forçats, désirs d'identification, un mythe vivant, univers insolite, érotique et scabreux... Une liberté en prise avec le destin ! Claire et Solange, deux soeurs qui s'entredéchirent. Deux bonnes qui aiment et haïssent Madame, [...]

 

 

Le Bagne

Lieu : Athénée théâtre Louis-Jouvet - Paris

du 26/04/2006 au 20/05/2006

Qu'ils sont placés haut, ces caïds, ces assassins, ces condamnés à mort, ces bagnards dans le coeur de Jean Genet ! Qu'il les a caressés, ces portraits, ces photos de 'Détective', qu'il les a effleurés de ses lèvres ! 'Le Bagne' tient en [...]

 

L'Atelier d'Alberto Giacometti

Lieu : Théâtre de Gennevilliers - Gennevilliers

du 18/11/2005 au 04/12/2005

Jean Genet pose pour Giacometti de 1954 à 1958. De ces moments passés avec lui, Genet écrit 'l'Atelier', un récit étalé sur plusieurs années, retravaillé à la façon d'un journal, de notes, remarques, sans cesse reprécisées ou approfondies, [...

 

 Elle

Lieu : Centre dramatique national de Montreuil - Montreuil

du 09/06/2005 au 11/06/2005

Le matin très tôt. Un photographe dispose ses appareils en attendant l'éminente personnalité, 'Elle', qui doit prendre la pose. Face à lui, un huissier autoritaire indique les étapes d'un cérémonial mystérieux auquel il va devoir se plier [...]

 

 

Le Balcon

Lieu : Athénée théâtre Louis-Jouvet - Paris

du 11/05/2005 au 11/06/2005

Dans les luxueux salons du Grand Balcon, monde d'illusions et de fantasmes, les clients de Madame Irma jouent à l'évêque, au juge, au général, dans des mises en scène soignées. Dehors, la révolution gronde, l'autorité vacille. Le préfet [...]

 

Saint Genet l'Africain

Lieu : Maison de la Culture du Japon à Paris - Paris

du 07/12/2004 au 11/12/2004

En hommage à Jean Genêt, un rituel mené par deux danseurs de culture africaine au son de musiques africaine et japonaise contemporaine "live". Cette rencontre culturelle propose une interprétation particulière du théâtre de Genêt. Quand [...]

 

Les Bonnes

Lieu : Théâtre des Amandiers - Nanterre

du 17/09/2004 au 17/10/2004

Claire et Solange reviennent sur scène pour de nouveau délirer et martyriser 'Madame'. Mais elles l'aiment 'Madame', d'un amour malsain, au point de l'empoisonner... Claire aime à jouer 'Madame' et Solange joue Solange ou Claire... Mais [...]

 

 

Les paravents, de Jean Genet

Lieu : Paris, Théâtre National de Chaillot

du 08/01/2004 au 03/02/2004

Jean-Baptiste Sastre met en scène cette pièce de Genet qui fit scandale en son temps. Cette oeuvre, écrite en 1966, oppose fellagas et légionnaires dans une Algérie en guerre. Poème et fête théâtrale, la fresque déploie dans une pléthore [...]

 

 

Les Nègres

Lieu : Lyon, Opéra National

du 20/01/2004 au 30/01/2004

La pièce de Jean Genet est transposée à l'opéra par le compositeur français Michaël Levinas en co-production avec l'Opéra de Genève. Une pièce troublante et engagée (dans le contexte des guerres coloniales de l'époque) qui lie politique [...]

 

 

II. Entretiens et critiques de mises en scène

 

 

 

Sommaire des noms des metteurs en scène, critiques, photographes. Les entretiens et textes étant classés du plus récent au plus ancien :Olivier Balazuc & Damien Bigourdan, Gilles Macassar, Antoine Bourseiller, Michel Cournot, Michaël Levinas avec Eric Denu, Frédéric Fisbach et les photos de Jean-Paul Lozouet, Bernard Bloch avec Zoé Lin..

 

« ELLE »

le 15 mars 2007

Nous avons vu cette mise en scène, le dimanche 11 mars 2007, dans une petite salle, de 104 places, remplie. Le spectacle fut chaleureusement salué, avec raison, même si parfois l'acteur, Bruno Blairet, jouant le pape, << Elle >>, manque, par moments, de retenue. Il y a souvent risque de surjouer les pièces de Genet. Mais cette légère réserve faite, la mise en scène de Olivier Balazuc et son jeu en tant qu'acteur, mettent en lumière certains aspects du texte posthume de Genet.

Le rapport entre le mot et la chose sacrée prend sur la scène une dimension plus forte. Le visible et l'invisible, quant au sacré, trouvent sur la scène l'espace d'une réflexion multiple.

Nous invitons le public à se rendre à ce spectacle de qualité, et à nous envoyer un compte rendu.

(Patrice Bougon )

 

« ELLE »

Texte de Jean Genet

Du mardi 6 mars au vendredi 6 avril 2007

 

Mise en scène: Olivier Balazuc & Damien Bigourdan

 

Théâtre de la cité internationale

 

17 boulevard Jourdan

75014 Paris

tél : 01 4313 5050

RER : Cité internationale

 

Chloé Bensimon-Liatard

Service des relations avec le public

Théâtre de la Cité internationale

01 43 13 50 62 (mercredi & jeudi)

 

chloe.bensimon@theatredelacite.com

 

www.theatredelacite.com

 

 

 

Equipe

 

Collaboration à la mise en scène : Pierre-Andre Weitz

Régie générale et lumière : Alexandre Jarlégant :

Costumes : Valérie Montagu, Chantal Bachelier

Construction des décors : Daniel Bachelier

Interprétation : Olivier Balazuc, Damien Bigourdan, Bruno Blairet, Thibault Lacroix

 

Horaires

 

Lundi – Mardi – Vendredi – Samedi : 21h

Jeudi : 19h30

Dimanche : 17h30

Relâche le mercredi

Durée : 1h15

 

Actions culturelles

 

Jeudi 15 mars : rencontre avec Michel Corvin et Albert Dichy après le spectacle

 

Dimanche 18 mars : Cité-philo autour de la notion de représentation, à 16het après le spectacle. Entrée libre pour les spectateurs munis de billets.

 

Lundi 26 mars : Lecture d’extraits de textes de Jean Genet

 

Vendredi 23 mars : conférence psy à 18h

 

Egalement, à l’occasion de la sortie de l’essai Le crime de Jean Genet par Dominique Eddé aux éditions du Seuil, nous organiserons une rencontre dans une librairie à proximité du théâtre en présence de l’auteur et d’Olivier Balazuc.

La date est à confirmer.

 

Mise à jour: Japon, 4 juillet 2006

Le théâtre de Genet, vidéo réalisée par Thomas Bécard. Présentation intéressante par Gilles Macassar, journaliste à Télérama:

http://www.telerama.fr/livres/B060627000929.html

Signalons aussi l'article de ce journaliste , Haut vol, dans Télérama, n° 2946 - 1 Juillet 2006

 

Le Bagne de Jean Genet, Théâtre de l'Athénée, 26 avril -20 mai 2006.

Tout membre de SALG ayant assisté à cette représentation est invité à en rendre compte.

 

Texte édité aux Éditions Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade

 

Par : Antoine Bourseiller

Avec : Ronan Beauperin, Thierry Coma, Paulo Correia, Joël Delsaut, Frédéric de Goldfiem, Jean-Paul Journot, Marc Olinger, Yanecko Romba, Alexandre RUBY, Désiré Saorin, Hervé Sogne, Tadie Tuene, Mickael Vander-Meiren, Jérôme VARANFRAIN, Choeur des Bagnards composé par La Mancha

 

Assistant à la mise en scène : Karim Bénard-Dendé

Décor : Alexandre de Dardel

Lumière : Daniel Benoin

Costumes : Nathalie Bérard

 

Coproduction : Théâtre National de Nice, les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Théâtre Municipal de Tarascon

Coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet

L'univers fantasmé de Genet

 

 

Signalons sur ce spectacle un article de 458 mots, publié le 04 Mai 2006 par Michel Cournot, dans LE MONDE dont voici un extrait autorisé par la copyright :

L'ESPACE entier est pris par un grand mur pivotant, blanc d'un côté, noir de l'autre. Le jour, l'homme, le soleil brut du bagne qui lance ses flèches ; et la nuit, la femme, la mère. Sur une plate-forme surhaussée est située - on pourrait dire « trône » - la guillotine, rouge. Il y a une difficulté, avec Genet : une équivoque, dès qu'il célèbre, par le roman ou le théâtre, le carcéral, la prison - ici le bagne - et même la condamnation à mort. D'une part, il a écrit : « Sauf de rares exceptions, toutes les pièces sont d'ac tualité. » D'autre part, il veut que Le Bagne, entre autres, soit un « poème », sans « prolongements conventionnels, banalement sociaux ».

 

 

 

 

 

Entretien entre Michaël Levinas et Eric DENUT sur Les Nègres

Radio Rai IT 2005/05/01

L'OPÉRA N'EST PAS

UN SIMULACRE

Michaël Lévinas, la première question à vous poser est me semble-t-il : pourquoi la composition d'un opéra, après que votre dernier essai dans le genre date de 1996, avec Go-gol ? On sait combien le genre de l'opéra est impliquant pour un créateur et mobilisateur d'énergie et de temps : beaucoup de raisons qui font que nombre de compositeurs ne l'abordent pas.

 

La tentation de faire quelque chose autour de l'opéra est antérieure au projet du Manteau de Gogol en 1996 et repose sur une relation concrète, intuitive avec le texte dans un premier temps. J'ai été en contact avec cette oeuvre dans la première édition des Nègres , l'édition de l'Arbalète, avec les photos de la mise en scène de Roger Blin. Je n'ai pas vraiment lu le texte, si ce n'est les indications de Genet qui portaient essentiellement sur le face à face entre une salle blanche et une scène noire, ou éventuellement l'inverse, en tout cas sur le caractère non transgressable de la scène. D'autre part, j'avais été frappé non seulement par les images de la mise en scène, mais aussi par l'hypertrophie verbale que j'avais remarquées en feuilletant ce livre et qui m'indiquaient que, probablement, j'avais été marqué par quelque chose qui a traversé le XXe siècle, l'art nègre, et une forte tentation de faire parler la percussion, comme si le texte avait un caractère « percussif », « explosif », comme s'il sortait des mains d'un batteur.

Le discours genetien me semblait projeté avec violence, comme on frappe une peau avec une baguette. J'ai entendu immédiatement, uniquement en feuilletant le livre, qu'il y avait de l'opéra dans ce texte.

Pourquoi le genre de l'opéra ? J'ai une place très particulière dans la création contemporaine, car j'ai toujours entretenu une relation avec la textualité. Non pas que je ne puisse pas bien sûr entendre de la musique sans y mettre un texte, mais j'ai toujours eu une perception musicale de la vie extérieure, comme s'il y avait une espèce de « transmutation » de la réalité ou de l'irréalité de la scène par la musique, ce qui est une relation très caractéristique de l'opéra. Je considère qu'on est compositeur d'opéra lorsqu'on a une perception musicale de ce qui est extra-sonore. Évidemment, j'ai toujours considéré que la musique n'était pas « simplement » le son ; par là, j'entends bien que le son est capital, mais qu'il existe un audelà du son. D'un autre côté, il me semble tout aussi important qu'une perception visuelle ne soit pas détachée du sonore. L'opéra n'est pas un genre à mon sens : c'est une perception de la vie. Dans le domaine de l'opéra, il y a également quelque chose de moins intuitif, de plus réfléchi, conscient, qui est cette exigence du temps littéraire, théâtral, et de sa relation avec le temps musical.

Avec Les Nègres , je me suis pour la première fois confronté à une écriture théâtrale. Dans mes précédents opéras, j'ai toujours été un peu maître à bord. La Conférence des Oiseaux a été une traversée en zigzag des lambeaux du livret de Jean-Claude Carrière à travers une nuit d'improvisation sur France Musique . Le Manteau de Gogol a été l'extériorisation d'une intimité que je qualifierais presque de « néonatale » avec un texte. Je dois dire que le fait d'avoir choisi Les Nègres de Genet a été un acte tout à fait mûr, affranchi, dans un premier temps en tout cas, de beaucoup d'héritage.

 

Avec Les Nègres de Jean Genet, vous vous confrontez à un matériau théâtral déjà « fini », ce qui ne va pas sans poser de résistance à la composition musicale… En quoi la dramaturgie genetienne rejoint-elle vos préoccupations actuelles d'écriture ?

 

La relation avec le texte de Genet a cessé d'être intuitive à partir du moment où j'ai commencé le travail de composition, vers 1999, suite à une commande de l'Opéra de Lyon, dirigé alors par Alain Durel, rapidement rejoint par l'Opéra de Genève dont Jean-Marie Blanchard venait de prendre la direction. Les Nègres participaient d'un pressentiment de ma part, qui a reçu assez curieusement confirmation dans les événements du 11 septembre 2001. D'une part, une très grande angoisse concernant le sujet et son visage, ou son masque, et la réalité du sujet. N'ayant pas abordé cette pièce dans la perspective des années 1960 avec la lutte anti-raciste et anti-colonialiste et l'espoir qui en découlait, j'ai été saisi d'un grand vertige d'autre part, lié à la sensation du crime qui se trouve partout. Enfin, j'ai été touché par l'utopie du lieu : Les Nègres se passent nulle part, et pourtant la pièce fait totalement référence à une grande culture française, qui va de Bossuet au coeur du XXe siècle, en passant par Baudelaire. Par conséquent, j'ai ressenti une situation paradoxale de tension que je retrouve dans ce que j'appellerais « l'après-musique contemporaine » en terme de langage musical. A savoir : un langage extrêmement référentiel, qui ne saurait s'affranchir d'un héritage, tout en revendiquant cette utopie, et non seulement le droit à la parole, mais également cette échappée. Cette tension est authentiquement « post-contemporaine » ; elle est le témoin d'un monde totalement désespéré, qui s'auto-détruit, mais d'une manière étrange. Certaines valeurs s'imposent dans l'ouvrage de Genet, très paradoxalement la question religieuse, quelque chose qui se situe finalement au coeur du visage, alors qu'il y a des masques, avec cette question centrale du repère, et de la métaphore : « estce que Dieu est blanc ? » « Est-ce que l'hostie sera noire ou blanche ? » Question à laquelle un faux vicaire répond : « elle sera grise », et un faux gouverneur: « attention, c'est de la trahison ». Il y a là quelque chose qu'il ne faut pas franchir, d'irréconciliable; donc il y a bien des valeurs. On ne peut pas mélanger le blanc et le noir ; il y aura d'un côté l'hostie blanche et de l'autre l'hostie noire. S'impose dans cette situation de crise du sujet, où l'on ne sait pas qui est qui et qui a tué qui, une histoire d'amour, une fusion, un amour érotique, qui est la rédemption de cette situation sans espoir. Nous avons bel et bien quitté le XXe siècle.

Derrière ces tensions extrêmes se situe la clé de la structure théâtrale de la pièce, ses bonds en avant, en arrière, ses contradictions. Evidemment, il y a là une confrontation formelle très importante pour un musicien, même si l'on sait que l'opéra n'est pas l'illustration d'un texte, mais qu'il existe une autonomie musicale pure qui doit naître de cette transversalité avec le texte.

 

En quoi la langue de Genet, son aspect purement sonore, vous a-t-elle interpellé ?

 

La langue de Genet est traitée dans mon opéra à trois niveaux. D'abord une langue narrative, qui pourrait ressembler au grand théâtre français du XVIIe siècle, celui défendu à la Comédie Française, sur laquelle j'ai beaucoup travaillé en matière de prosodie, notamment avec des poètes. Je me suis adressé non seulement à Albert Dichy, le grand spécialiste de Genet, mais aussi à Michel Deguy. Cette langue est structurée par des rebondissements de mots, notamment sur le mot « noir » « nègre », avec une extrême préoccupation sur phonème « gr » (c'est d'ailleurs à la lecture d' En glas de Genet que Derrida avait réfléchi sur « gl ») - il faut donc être extrêmement vigilant avec cette langue. Dans le chant sur les moutons, sont les phonèmes «m» avec lesquels Genet joue. Cette langue est essentiellement poétique, même lorsqu'elle est de la prose. Son rythme fait référence non seulement au théâtre du XVIIe siècle, à Bossuet, mais aussi curieusement à Aragon, une forme de surréalisme « romantique », poésie la moins structuraliste de l'après-guerre. Il y a en second lieu les langages que j'appelle « l'invective » et de « l'injure », qui sont en réalité des langages tambourinés. J'ai poursuivi dans cadre à l'Ircam tous mes travaux précédents sur synthèse de croisement, notamment ceux que j'avais menés pour Préfixes et Go-gol . Les Noirs s'interpellent, avec des injures, entendues dans salle de l'opéra, mais croisées avec des sonorités de peaux, de tablas, de percussions. On entend langage de batteur. Ces scènes de langage tambouriné peuvent être ramenées à l'idée de transe ou de la danse, sans aucune velléité toutefois de reproduction « ethnologique » d'art nègre. Enfin, il y a dans le langage de Genet l'« échappée poétique », surtout reproduite par la voix des femmes: la folie un peu factice de la Reine, le discours d'autodestruction sur le thème de l'odeur par Bobo, la sagesse de l'Afrique profonde Félicité avec ses deux grands chants, et les dédoublements entre la Reine et Vertu. Ce sont des hors temps théâtraux.

Cette langue, dont on peut donc répertorier trois catégories principales pour la décrire, se ventile selon moi en cinq écritures différentes. D'abord, l'écriture de ce qui se passe sur le simulacre avec le bonimenteur Archibald. Ensuite, la narration, qui est en réalité un simulacre, en contrepoint avec la tradition des années 1960 où l'on parle du simulacre tout en l'effectuant, du livre tout en l'écrivant. D'ailleurs Genet rappelle sans arrêt que la pièce est écrite, ce qui est important dans un monde qui se veut affranchi de toute valeur de transmission. La question se pose fréquemment de savoir s'il faut obéir ou désobéir à l'écrit. Dans un troisième temps, l'invective de la danse, des sons tambourinés. Puis, la poésie. Enfin, un arrière-monde, celui d'une révolte noire, avec l'exécution d'un traître. La condition de l'opprimé n'évite pas le crime et la trahison : un Noir peut en vendre un autre, ce qui m'évoque évidemment pour moi quelque chose de très précis, l'horreur concentrationnaire, le moment où toutes les valeurs sont suspendues.

La langue de Genet a été pour moi l'expérience d'une « transgression » continuelle. Elle fait référence à l'opéra, et d'abord à un thème qui traverse également mon écriture, celui du rire. J'ai travaillé sur le rire en musique dans Les rires du Gilles , Préfixes , Go-gol , un opéra qui s'ouvre d'ailleurs sur un rire. Genet réclame pendant toute l'oeuvre des rires orchestrés. Ceux-ci sont très proches de la culture noire : cela m'a rappelé les rires des Noirs américains sur les campus au moment de la révolte noire, à laquelle j'ai pu assister lorsque j'étais à Baltimore avec mon père. Les Noirs riaient la nuit pour provoquer le Blanc. D'autre part, la langue de Genet fait référence à l'opérette du XIXe siècle, ainsi qu'à l'opéra le plus éculé. La culture musicale de Genet est une culture du tournedisques, du Topaze des années 1960. Une des grandes angoisses de l'écriture des Nègres a été pour moi d'accepter ces références dans l'écriture musicale, c'est-à-dire de surmonter un préjugé contemporain ! Par exemple, la scène au village fait référence obligatoirement à Offenbach.

Le premier chant d'Archibald qui ouvre l'opéra semble avoir rencontré dans ma mémoire une des plus horribles mélodies que j'ai entendues dans mon enfance, dans une synagogue, et qui me faisait honte à entendre. J'ai eu beau chercher toutes les autres mélodies, cela a été comme l'impossibilité d'éviter un crime : seule cette mélodie peut accompagner le grotesque d'Archibald. Je l'ai donc adoptée… et ai honte de savoir que le public va l'entendre, car j'ai moi-même honte de l'entendre ; mais cette honte fait partie de l'art de Genet. Dans le milieu de l'oeuvre, au moment du simulacre, très curieusement, je me suis rendu compte que j'ai dû connaître, dans ma petite enfance, les mêmes boutiques sordides de petits commerçants que celles que Genet décrit.

Félicité, qui joue la mère sordide, représente les épouvantables mercières (qui avaient collaboré avec les Allemands), qui habitaient dans les années 1960 en face de chez moi à Paris, et dont la voix cruelle et tremblante me faisait frémir. J'ai repris pour cette même scène une chanson qui venait d'une boîte à musique, sordide également, que j'entendais, enfermé dans un appartement des années 1930, quand j'étais gardé par une dame qui ressemblait physiquement à la personne dont se moque Félicité. C'est cette horrible romance du XIXe siècle que Genet a entendu, à mon avis, en parlant de ce sordide quatre heures, alors qu'en-dessous se déroule la scène du viol dans laquelle les Noirs rigolent de l'atmosphère confinée de la petite boutique de province.

Toutes ces références « transplantent » le compositeur ; j'ai vécu l'expérience de l'écriture des Nègres comme une véritable transplantation de mon humus culturel. C'est dans ce cadre que je fais référence au 11 septembre 2001 : quelque chose est transgressé à tout jamais.

 

Vous êtes dans cet opéra votre propre librettiste : comment avez-vous abordé le texte de Genet ? L'avez-vous adapté ? Avez-vous conservé la structuration temporelle et dramatique de la pièce ? Avezvous renoncé à certaines parties ?

 

Je suis mon propre librettiste certes, mais j'ai entretenu pendant les trois années de la composition de l'opéra un dialogue régulier avec Albert Dichy, en qui j'ai une énorme confiance dans la lecture subtile et souvent un peu secrète qu'il fait du texte de Genet. Je suis parti d'une énorme utopie qui consistait à imaginer que ce texte était intouchable. En quelque sorte, il l'est : il n'est pas pensé de manière structuraliste, par un écrivain qui aurait la mentalité du Nouveau Roman. Il y a quelque chose de très intuitif dans cette profusion, quelque chose qui évoque le happening des années 1960, l'excès, la sortie du cadre, notamment théâtral, voire l'inintelligibilité de l'action.

On peut penser à des théâtres comme le Théâtre de la MaMa à New York à cette époque-là, c'est-àdire à la fois la pièce de théâtre cadrée, et l'explosion du cadre. Il y a donc quelque chose d'autodestructeur dans cet ouvrage. J'ai procédé à une première « opération chirurgicale » après avoir décodé certaines correspondances secrètes, les structures rebondissantes, les retours de mots, les raisons des retours en arrière, les fonctions poétiques des sons, les différentes strates, non seulement de l'action, mais des différentes langues du texte. La première opération a consisté à garder entièrement la structure de la pièce, de saisir les moments névralgiques, notamment les changements de lieux théâtraux, tels que la descente de la cour qui rejoint les Nègres, la montée de Diouf au ciel, les moments où l'on enlève et l'on remet le masque, et puis, quelque chose de très caractéristique des années 1960, l'équivalence structurelle des différentes interventions de Ville de Saint-Nazaire racontant la progression (et je pense également à la catégorie musicale) de la révolte à l'arrière du spectacle, et finalement, la mise à mort d'un Noir et le remplacement par un jeune, dont on demande, comme dans toutes les minorités, en tout cas des communautés privées de leurs droits : « Est-il Noir ? » Ce sont des questions qui sont posées par exemple dans la minorité juive lors de la nomination d'un responsable : « Est-il Juif ? » Sur ces bases, j'ai procédé à de la « microchirur- gie ». J'appelais régulièrement Albert Dichy pour l'informer que le texte était en « réanimation ». Toutes les réductions auxquelles j'ai procédé ont été le fait d'une analyse musicale des structures théâtrales et de la relation entre les différents types d'écriture poétique, comme nous les avons décrites. Mais, bien entendu, il n'y a pas eu un sacrifice qui n'ait pas été simultanément une amputation…Une de celles auxquelles je me suis plié a été la suppression de l'épisode qui me semblait le plus « embarrassé » par le réalisme du lieu, à savoir la scène des Noirs dans la jungle. Tout se passe comme s'il avait fallu pour Genet, à un moment donné, accentuer l'évocation de l'Afrique, bien entendu pour présenter la révélation de la Reine se prenant pour une Blanche et tenant quelque langage pseudo-colonialiste… J'ai supprimé cet aspect « réaliste » de la pièce. J'ai également ôté les inserts progressifs de la scène d'amour entre Vertu et Village, que l'on trouve déjà au centre de l'oeuvre. Je les ai supprimés pour des raisons d'équilibre théâtral, parce que nous sommes en 2004 et qu'il me semble que la pièce de Genet sur scène pose un certain problème de « perméabilité » (le fait de ne pas saisir pleinement le sens de l'action, car celle-ci est noyée par l'allégorie), qui peut avoir pour conséquence la sensation que l'oeuvre « date » aujourd'hui et, surtout, avec l'ajout de la musique, pourrait mener à l'informel. Le texte de Genet a une telle puissance qu'il nécessite l'intelligibilité. Mon objectif a donc été de ne pas le transformer en une tête nue, avec « la boule à zéro ». Comme l'oeuvre est basée sur une profusion, le grand danger consistait, en supprimant cette profusion, de la rendre nue et narrative. L'élément poétique reste capital.

 

Venons-en désormais à l'écriture musicale, si vous le voulez bien. Vos recherches compositionnelles, manifestes depuis quelques années notamment dans vos oeuvres de musique de chambre, portent sur l'exploration de matériaux scalaires et le développement de la forme par des procédures de transformation de ces matériaux. Cette recherche a-t-elle été poursuivie à l'occasion de la composition des Nègres ? Cette oeuvre pourrait-elle même être un aboutissement de cette recherche, selon le paradigme que j'ai développé ailleurs de « cycles d'écriture» dans votre catalogue (oeuvres préliminaires,« d'étude », suivies d'une oeuvre centrale et de pièces périphériques qui en découlent) ?

 

Les Nègres sont évidemment une « perforation » de certaines certitudes musicales. L'ouvrage est contemporain chez moi d'une angoisse concernant l'effacement, la disparition de l'écriture, de la transmission. Il y a eu dans la rencontre avec le texte de Genet à la fois la fascination pour l'écriture de ce texte et, en même temps, une fascination pour son aspect destructeur et la notion de la disparition du sujet, liée pour moi à la notion de disparition de la transmission. C'est une de mes pièces les plus construites : je n'ai jamais eu dans un seul spectacle une telle unité d'écriture. Go-gol était constitué d'une succession de scènes. Dans La Conférence des Oiseaux , certes, le thème de l'envol structurait déjà d'une certaine manière le spectacle. Dans le cas des Nègres , l'ensemble de l'opéra est, pour la première fois chez moi, bâti autour de motifs et d'échelles qui se retrouvent, en se métamorphosant, tout au long de l'oeuvre. Je pense notamment aux échelles de l'ouverture qui seront reprises, chantées, ralenties, accélérées dans le courant de la pièce, et concluront avec une nouvelle orchestration la scène d'amour finale. Ou bien le motif de « Dieu est blanc », qui sera celui de « L'hostie est-elle blanche ou noire ? » puis celui de la scène d'amour. Ou encore la notion de rétrograde dans l'utilisation de la langue. Il m'arrive de lire la langue à l'envers dans cet ouvrage : Diouf, accompagnant la scène d'amour, dit un texte lu à l'envers. Naît alors une sensation d'irréalité, on reconnaît la langue française sans la comprendre.

L'ouverture, que j'ai mis près de deux ans à composer, est le développement des phénomènes polyphoniques paradoxaux que j'ai approchés dans mon quintette à cordes Les Lettres Enlacées . L'ouverture se veut le moment de la danse des Noirs, mais dans l'idée d'une comédie américaine, c'est-à-dire liée à une conception du théâtre où le chanteur se sert de son corps. J'ai retrouvé cette technique également dans certaines maisons d'opéra de recherche à Moscou. L'écriture des treize personnages est basée sur la danse, chaque personnage réagissant de manière chambriste : tous les personnages restent sur scène pendant la durée du spectacle, et sont en perpétuelle interférence les uns par rapport aux autres. Dans l'Ouverture, j'ai travaillé sur des nouveaux phénomènes polyphoniques paradoxaux, dans le sens où les échelles conjointes sont démultipliées aux claviers et aux bois dans une même écriture qui les reprend de manière totalement disjointe, provoquant des phénomènes de démultiplication d'octaves : cela crée une illusion psychoacoustique, comme une spirale dont on ne sait si elle monte ou si elle descend. Cette écriture à soixante parties réelles est bien entendu pour moi l'amorce de quelque chose. Cette Ouverture scande régulièrement l'action de l'opéra. L'oeuvre elle-même est structurée sur des échelles évoluant sur des centres « tonals » (sol, fa #, si b), comme si finalement le temps théâtral était relié de nouveau à la hiérarchie des échelles. Dans l'Ouverture, on a le phénomène de Doppler, simulé par l'enchaînement des échelles, qui fait passer d'une échelle à l'autre.

 

Quels ont été vos choix vocaux et mélodiques dans cet opéra ? Poursuivez-vous dans cette nouvelle partition la démarche stylistique des « Aragon », un cycle de mélodies que vous avez composé en 1997 : une vocalité « lyrique », le respect de la prosodie, une structuration formelle qui respecte le texte tout en laissant un espace aux répétitions strictement musicales ?

 

Les choix vocaux sont pensés à partir de l'identité des personnages. Comme dans une comédie musicale, chacun des personnages possède un air : Archibald a deux airs, Félicité un, Bobo aussi, etc. A un moment donné, même si cela n'apparaîtra sans doute pas ainsi dans la mise en scène, les personnages se présentent avec leur air sur scène. Cela a été pour moi la seule façon d'approcher le texte. En effet, chaque fois que je le prenais en main, j'avais l'impression que la fiction théâtrale «m'échappait ». Arriver à rentrer dans la fiction, comme dans La Rose Pourpre du Caire de Woody Allen, a été une chose très difficile, car le monde de Genet est fermé. J'étais dans la salle et ai eu beaucoup de mal à être dedans, avec « eux ». Ensuite, mes choix vocaux sont liés à une opposition. Les Nègres, en bas, sont en chair et en os. J'ai ressenti les Noirs, en haut, ceux de la Cour, comme des personnages tirés des jeux de cartes, donc des « gens en biais» : le Valet, le Gouverneur, le Juge sont des ténors chantant continuellement en voix de tête, la Reine est une soprano colorature se promenant dans le suraigu, comme liée à rien. Paradoxalement, le Missionnaire, un baryton, est le personnage qui pose peut-être les questions fondamentales du spectacle, liées au religieux.

En bas, les femmes ont une voix profonde (deux contraltos) qui exprime la sagesse de l'Afrique. Vertu est une soprano légère, un peu inconsciente, « buffa»: elle a un « sérieux coup de rein » avec les Blancs… Neige, qui revient régulièrement dans le spectacle pour exprimer un sentiment de jalousie vis-à-vis de Village, accusé d'être attiré par la Blanche qu'il tue, est une soprano.

Le personnage de Diouf est très important. C'est un haute-contre tout à fait exceptionnel, qui jouera le Vicaire et la femme violée également, et dont l'étendue vocale va du grave d'une basse jusqu'au plus aigu d'un haute-contre. Son air, sur le thème de la lâcheté et du compromis, est écrit avec une ligne mélodique qui fait des sauts d'intervalles reprenant l'idée de dédoublements présente dans l'Ouverture (un intervalle de demi-ton devient un saut de neuvième, etc.) : le personnage chante donc plusieurs personnages en même temps. L'écriture mélodique fait référence à l'opérette et au Negro Spiritual, sans en être des reproductions bien entendu : les tournures mélodiques sont liées à des échelles tonales. L'écriture est syllabique, sauf dans la partie centrale du simulacre, lorsque les femmes dansent, accompagnées de choeurs percussifs noirs. Le style mélodique est essentiellement lié à des structures de récitatif. En même temps, j'ai mobilisé ce que j'appellerais des « polyphonies d'interférence » : très souvent, un narrateur, ou une narratrice, chante, entouré de femmes qui contrepointe la langue française en en conservant uniquement les voyelles, ce qui produit un effet d'écho, ou bien, comme c'est le cas dans l'air de la puanteur, en bâillant.

 

Quel orchestre avez-vous choisi ? Quelles relations entretient-il avec le drame ?

 

L'orchestre est un orchestre ni symphonique ni de type « noir ». On retrouve un quintette à cordes (une trentaine d'instrumentistes, avec certaines parties très difficiles à jouer), trois flûtes, trois clarinettes, qui jouent des démultiplications d'octaves des lignes du quintette, quatre cors, une trompette, une trompette basse, un tuba, un trombone (lesquels cuivres utilisent des techniques d'abouchage proches de la vocalité, comme dans Par-delà et Diaclase ), cinq claviers (un piano et quatre claviers Midi qui jouent des échelles microintervalliques avec le timbre de piano, ou bien déclenchent des sons tambourinés – avec ou sans les « e muets », que j'ai parfois gardés, parfois omis - ou des voix noires pré-enregistrées qui chantent des valses), quatre percussionnistes, jouant souvent du marimba, qui reprennent les échelles du quintette également, un choeur en fosse, propageant la « rumeur » autour du spectacle, la notion de révolte, de scandale « dans les coulisses », et, enfin, un pupitre de mixage qui peut également lancer certaines parties électroniques, tenu par Gilbert Nouno, assistant musical à l'Ircam. On peut parler de techniques utilisées aujourd'hui dans la musique techno : des mélanges de sons électriques et acoustiques.

Eric DENUT

Radio Rai IT 2005/05/01

 

"Les Paravents". Six photographies de Jean-Paul Lozouet donne une idée de la mise en scène originale de Frédéric Fisbach

http://www.asile.org/artistes/numero15/paravents/paravents1.htm

Le site du photographe : lozouet.free.fr

 

Avec : Valérie Blanchon, Christophe Brault, Laurence Mayor, Giuseppe Molino, Benoît Résillot

 

Et les marionnettistes du théâtre de marionnettes Youkiza : Youki Magosaburo, Youki Isshi, Youki Chie, Junïchi Hatasaki, Hajime Ito, Satoshi Uematsu

 

Et régisseur-interprète son : Jean-Baptiste Droulers

 

L'Humanité. Propos recueillis par Zoé Lin

Les Paravents, de Jean Genet, mise en scène Bernard Bloch. Aux Amandiers de Nanterre jusqu’au 4 février 2001. Tél. : 01 46 14 70 00.

Article paru dans l'édition du 15 janvier 2001 :

Théâtre. Les Paravents de Jean Genet sont à l’affiche. Une pièce essentielle, rarement mise en scène, pour entrer dans l’univers de ce poète.

Une pièce pour aller au pays des monstres

 

Bernard Bloch s’attaque aux Paravents (voir la chronique théâtrale ci-contre). Ici, point de démonstration ni de naturalisme. Évocation, poésie, imaginaire, tel est le parti pris du metteur en scène pour tenter de dépasser la reconstitution et nous entraîner sur les chemins détournés de Jean Genet. Il nous explique sa démarche.

 

Pourquoi monter les Paravents ?

 

Bernard Bloch. L’envie elle-même est une longue histoire. J’ai lu cette pièce il y a peu et je n’avais vu ni la mise en scène de Chéreau, ni celle de Blin. Sa lecture m’a provoqué un grand choc. En 1998, j’avais monté Moi, Khelkal, la rencontre entre Khaled Khelkal et Louis Althusser. Un dialogue, quelque part dans un no man’s land après leur mort, sur le meurtre passionnel, qu’il soit amoureux ou politico-religieux. Il se trouve que, pour des raisons mystérieuses, l’Algérie me touche énormément, alors que je n’ai aucun lien particulier avec ce pays : je ne suis pas pied-noir et je n’ai pas fait la guerre d’Algérie. En lisant les Paravents, écrit entre 1955 et 1958, j’ai réalisé à quel point Jean Genet a eu, par la poésie, une intuition politique magistrale, quasi géniale. Comment la poésie peut-elle produire une telle intuition de ce qui allait se passer quarante ans plus tard, l’explosion intégriste par exemple ? Interroger la nature même de la libération algérienne et de ce qu’elle est devenue, comment un type avait-il pu avoir cette intuition ? Décidément, les poètes sont de meilleurs " guides " que les politiques. Un paradoxe pour Genet : c’est un révolté, pas un révolutionnaire. Pour lui, aucune cause n’est juste.

 

Quelle fut votre lecture ?

 

Bernard Bloch. Après la lecture des Paravents, j’ai décidé de monter cette pièce, un pari un peu fou pour un type comme moi, metteur en cène indépendant avec une compagnie qui reçoit trois cent mille francs de subventions par an. Monter les Paravents, ce n’est pas institutionnellement mon rôle. Ce serait davantage celui des institutions mais elles le font rarement. Je me suis lancé à la recherche de productions, un long parcours du combattant. Treize théâtres en France et un en Suisse se sont engagés dans cette aventure. Pendant les trois ans qu’a duré cette préparation, je suis entré dans la pièce et les raisons pour lesquelles j’ai voulu la monter, qu’elles soient d’ordre théâtral ou philosophique, se sont considérablement déplacées. Cette pièce est, à mes yeux, la plus grande pièce en langue française de l’après-guerre. Je ne connais pas d’équivalent, tant du point de vue de l’écriture que de la structure narrative. Genet a blackboulé la narration du XIXe siècle, fait un bras d’honneur au cartésianisme. Il s’agit de poésie pure. La pièce nous conduit " au pays des Monstres ", comme disait Genet, au pays de l’inconscient. Ici, le verbe s’adresse autant au corps du spectateur qu’à son intellect. D’où la difficulté : il faut oublier ce que l’on sait, pour le spectateur comme pour les acteurs. Ce que nous proposons tient plus de l’expérience que du spectacle. Une expérience dans la force des mots et du langage portée par une logique qui ne l’est justement pas. Le désir est la seule logique de l’inconscient. Ensuite surgissent d’autres thèmes comme la mort. C’est dire à quel point cette pièce est mallarméenne. Genet aimait à citer cette phrase du poète : " Tels qu’en eux-mêmes enfin l’éternité les change ". Ce n’est qu’une fois mort que l’homme parvient à son noyau possible d’humanité.

 

Comment appréhende-t-on une telle ouvre du point du vue de la mise en scène ?

 

Bernard Bloch. De manière très poétique. Je me suis laissé traverser par les propositions de Genet, les didascalies contenues dans la pièce, sans chercher à les reproduire. La pièce devait s’appeler les Mères puis Saïd et enfin Ça bouge encore. Le titre les Paravents décrivait le parti pris de la mise en scène de Roger Blin et de Genet pour la représentation à l’Odéon en 1966. Je n’ai pas eu l’envie, en lisant la pièce, de paravents, sauf, dans la deuxième partie, le grand écran blanc pour signifier le passage de la vie à la mort. Les paravents que l’on pouvait imaginer dans chaque tableau étaient pensés pour un théâtre des années soixante. J’ai eu envie d’enlever les paravents même si dans la pièce, il est fortement question de dévoilement, de révélation : le décor est pensé à cet effet. Quant à la conception des costumes (de Jean Bauer), le maquillage (de Cécile Kretschmar), la musique (de Philippe Hersant) inspirée des musiques carnavalesques d’Amérique latine, tout converge vers l’idée que Genet se faisait de toute représentation donnée sur la tombe d’un défunt. Les lettres de Genet à Blin en attestent mais je les ai reprises à mon compte. Je n’avais pas envie de procéder à une reconstitution.

 

Le choix des acteurs ?

 

Bernard Bloch. Dès que je me suis lancé dans cette aventure, j’ai réfléchi au nombre d’acteurs - la pièce compte une centaine de personnages. Chez Blin, ils étaient soixante, plus de trente chez Chéreau. Impensable aujourd’hui, surtout quand la pièce est montée par une compagnie subventionnée à trois cent mille francs. Genet proposait cette pièce comme un matériau et elle n’a jamais été montée intégralement. Il était favorable à des coupes. De quel nombre minimum d’acteurs avais-je besoin ? Je suis arrivé à quinze. Je savais qu’il faudrait quinze bons acteurs, et même excellents car tous seraient bien servis, et surtout quinze fortes personnalités. J’ai réuni quinze grands acteurs pour ce monstre à quinze têtes. J’entends ce texte comme un long poème de Genet, polyphonique, où il est autant présent chez les militaires, les colons, la mère ou Kadidja... Jamais il ne pose un regard d’exclusion ou de dérision sur aucun des personnages. Cette pièce n’a rien de manichéen, là réside sa force. J’étais confronté à ce paradoxe de réunir quinze fortes personnalités mais qui diraient ensemble le même chant, le chant de Jean Genet. C’est cela qui m’a guidé pour la distribution.

 

Le Coryphée n’est pas dans la pièce ?

 

Bernard Bloch. Effectivement non. C’est une invention commune avec Pascal Bongard (qui interprète le rôle). J’avais gardé un certain nombre de commentaires de Genet après chacun des tableaux dans mon adaptation pour les acteurs pendant les répétitions. Dans un premier temps, je n’avais gardé que les temps et les silences, sans aucune indication scénique, pour nettoyer le texte de la description. Mais j’avais gardé les commentaires de Genet et Pascal les disait. Pratiquement dès la première lecture j’ai compris qu’il fallait les préserver et de là est né ce personnage étrange que j’ai appelé " Sergent Genet ", un lien entre le public et le spectacle, une évocation de Genet. Ce personnage s’est construit peu à peu, devenant une sorte de Kantor dont la présence permet, par ses commentaires, d’éviter les malentendus, car je voulais éviter de donner à penser que cette pièce est une pièce sur la guerre d’Algérie. C’est une pièce dans la guerre d’Algérie. Si c’est une pièce " sur ", elle est sur la France.

 

Cette pièce semble sans cesse rattrapée par l’histoire. En 1966, elle fait scandale. Aujourd’hui, vous la montez alors que l’histoire de la guerre d’Algérie ressurgit autour de l’Appel des douze pour condamner la torture pratiquée alors par la France. C’est plutôt étrange, non ?

 

Bernard Bloch. C’est très étrange. Lorsque j’ai décidé de la monter, il y a trois ans, ce débat n’existait pas. Est-ce un hasard, ou n’est-ce pas précisément le rôle de l’artiste d’avoir cette sorte d’intuition de l’inconscient collectif ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi treize théâtres se sont engagés sur une telle aventure ? Ce n’est probablement pas un hasard mais ce n’est pas une chose décidée. Cela tient davantage à une sensibilité, à l’inconscient collectif.

 

Propos recueillis par Zoé Lin

 

Les Paravents, de Jean Genet, mise en scène Bernard Bloch. Aux Amandiers de Nanterre jusqu’au 4 février 2001. Tél. : 01 46 14 70 00.

 

Ce long poème d’amour pour Abdallah, funambule et amant de l'auteur, est ici accompagné par une danseuse et un musicien. Ce spectacle est une variation sur la dramaturgie du cirque, du théâtre et de la danse, une réflexion sur l’artiste dans le monde, sur la solitude et l’ambivalence de l’acteur.

 

Tarifs individuels de 8 à 16€ ; tarif groupe 12€

 

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